La religion cybernético-écologique
Dans la fosse commune j'ai trouvé une cathédrale automatique
Dans lequel un prêtre solaire
Tenait un discours renouvelable
Sur l'autel des souffrances recyclables
Était posé des bougies à faible consommation
Qui ne s'allumaient que lorsqu'un ange biodégradable
Passait durant un silence en rétroaction négative
L'hostie végétalienne n'était pas produite en usine
Mais par des mains équitables
Qui avec éthique respectaient les droits de la farine
L'organiste faisait fonctionner l'orgue grâce à sa bio-énergie
Et les vitraux étaient faits avec de la résine de pomme de terre
Mais du fait du changement climatique il manquera de l'eau dans la région
Ainsi elle sera bientôt remplacée par un mélange de résine de frites usagées et d'un cocktail d'alcools vomis
Les rituels algorithmiques
S'exécutaient de façon polynomiales
Afin que les harmoniques se dévoilassent à travers les yeux fervents du public
Des croyants de Riemann
Dans cette cathédrale automatique
La bio-synthèse avait remplacé la transcendance
Dieu était une forme d'économie
Et le carbone fut le nom d'un des fils de Satan
Les enfants de coeur en xénon et autres gaz rares
Étaient choisis en fonction d'un jeu de Von Neumann
Si bien que l'ensemble était rigoureusement circonscrit à l'arrière du prêtre solaire
Ils se permettaient même de venir devant lui mais seulement lorsque Alpha et Oméga s'annulaient
Respectant ainsi l'axiome premier rien d'autre que le cœur même du système
La croix de Jésus pensée et dessinée par Frege
Pénétrable par son style barbare
Un de ces avant-gardistes du style Nazi
Était inscrite par les mains même du prêtre solaire
Sur le front des enfants venus se faire calculer le destin
Par les prévisions de la croissance économique
Renommer pour l'occasion « liberté »
Ce qui m'a frappé dans cette cathédrale automatique
Ce n'était pas cette foi cognitive et neuro-linguistique qui habitait ces croyants de Riemann
Ni ces chants schizophréniques
Mais juste après l'entrée
Un mendiant mort
Dieu qui portait son fils dans les bras
J'ai remarqué qu'il avait pleuré beaucoup
Creusant des sillons sur ces joues creuses
Ce n'était plus qu'une statue de pierre
Comme celle que l'on voit sale et érodée par le temps
Son fils lui avait un indéchiffrable râle
Qui tordait sa bouche pendante
Rien n'indiqua qu'il fut mort sur une croix
Plutôt « accident de travail » en préparant du pain
Quoi qu'il en soit
Ils étaient-là tout deux morts
Et déjà vestige d'un passé oublié