La Violente

Publié le par inpartibus


Ma source tarie, je plonge avec curiosité dans le bonheur en dose. Une drogue nommée la violente.

Dedans il y a du goudron, du sang, et du rêve d'enfant au bord du crépuscule.

La fièvre... le délire gronde comme un tonnerre, prend mon corps et le pousse par delà la terre.


Drogue prisée, bonheur en tube, l'aiguille en premier défiant la veine, l'artère tiendra?

Tiendra pas? En crever du bonheur!

Dans mes veines ça s'agite: la révolte se prépare, la substance avait une conscience. Elle me parle, se parle, se perd en introspection...

 

"Je défie la vie, je lui fais un gosse dans le dos , je la repousse dans son lit et je l'avorte la vie.

La vie se montre comme un monstre, je la dompterai la salope ! Son deuil de toi et des autres Je la ferai traîner dans le fumier ! (presque pareille question d'orthographe … question d'école)

La vie, elle gicle, finit en décomposition , j't'y ferais encore pousser des fleurs dessus... Puis ça deviendra un cerisier aux fruits amers. Tout le monde y goûtera... Ou personne … On s'en fout! »



L'arbre poussa



J'y ai goûté, aux fruits ...et dans la lumière...

Des camisoles de chez Dior, des pilules du Fouquet's

A l'asile des artistes, les docteurs ont des têtes d'aliénés de la vie.



Quand le goût s'est dissipé sur le palais, mon corps, déjà ailleurs, chemine dans la brume.

Sur-bonheur sur la route, une pute qui se bastonne à l'aide de son sac à main. Elle frappe les clients fantômes dans leurs cercueils de latex. Elle s'est faite refaire les poignets, y paraît , enfin ce qu'elle m'a dit Denise..

.

Denise son sac à connerie, elle l'a eue aux soldes de l'infini, le créateur fait des prix de fin de vie.

Denise elle peut pas encadrer les filles qui se donnent,  « comprend pas » c'est son leitmotiv, sa devise, c'est sincère au moins...

Denise son corps... c'est pas l'édition la pléiade mais le contenu même relié avec du PQ y change pas...

Denise, ses yeux , je les ai croisés sur un trottoir au milieu du ballet des hommes en verre, tellement fragiles que le vent les casse.

Elle regardait le spectacle à peine amusée, sa robe en chiffon , un brin souillone, régnant sur l'empire des chiens.

Moi, j'm'amusais à recoller les morceaux à l'envers . Elle vint me voir à grande allure :  « Tu es puéril »

Une phrase comme une baffe, mon innocence me servit de pardessus …

 

« Puéril ça veut dire quoi? »

Elle se tut, le silence d'abord puis elle me toisa une bonne minute, m'interrogeant la gueule des yeux. Enfin ses lèvres et sa mâchoire articulèrent avec difficulté :

« Comprend pas »

Ce fut son unique réponse, elle se cloîtra comme une huître , et depuis ce jour , elle ne put jamais rien répondre d'autre à mes questions. Alors on la rangea comme un objet , dans une armoire scellée par la vie, dessus on grava l'épitaphe « la difficulté est la plus grande des simplicités ».

En guise de funérailles ; tout le ciel se mit à cracher des glaviots gelés.



Symphonie pour un autre départ...

Encore ailleurs, un corps rencontre le mien , sous son déguisement, un adulte sans visage.

Il avance en dehors... En lui, plus que poussière d'usine.

Les étoiles illuminent sa face . Des rides creusées avec amour par la vie font des rigoles dans lesquelles la nuit circule et l'efface ...Bientôt une ombre. Ses poumons veulent se faire la malle , son cœur s'est barré il y a longtemps, ce qui lui reste d'organique subsiste plus par habitude que par volonté . Il s'étale dans les égouts, rejoint la fosse d'aisance à humain, direction l'arène.

Je le suis par dépit .

L'arène : un complexe bourré à craquer de gogos prêt à tout pour s'amuser. A l'intérieur que ça cause ou que ça gueule plus moyen de faire la différence.

Des gueules s'écrasent contre les murs . « Complet ! Fallait réserver ! Dehors expulsez moi ce surplus de chiffre d'affaire ! Votre plaisir dégueulasse, allez le prendre ailleurs! »

 

Une armée de lutins écarlates sortent les balais , le spectacle commence, ça balaie efficace. Une cohue se révolte, c'est ici qu'ils veulent jouir, pas ailleurs. Ils ont le droit. Ils l'ont lu sur la notice de l'être humain. Alors commence une bataille rangée, ça balance des poubelles ,joutes aux balais, la foule s'écarte , se marche dessus, la mort peut entamer la chanson d'ouverture.

Publié dans Torma Fils

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